Pomme Z

Publié le par jenevousaimeplus.over-blog.org

À force de trouver des périphrases personne ne me croira si j'écris que je reviens d'un club de tir à l'arc ; c'est pourtant là-bas, après une route sinueuse au milieu des embouteillages et sur mon vélo, que j'ai appris un nouveau mot, que j'ai oublié, bien sûr, mais j'en reparlerai. Deux heures et demie de sport (si je compte le chemin) pour quelqu'un comme moi, c'est un événement, mais entendre des mots comme "le bras de l'arc", après être rentrée d'un week-end en famille plus sinueux encore que ma route vers "La flêche d'or" m'a ravie au-delà du possible, et aussi demander mon chemin à trois piétons dans un quartier inconnu ; en ville quand on est perdu en vélo, on sait que tôt ou tard on retrouvera des endroits familiers, un rond-point, un pont, une caserne désaffectée. En famille, c'est plus dur, quand on se perd on n'est jamais certain de retomber au bon endroit, en famille on ment presque à chaque fois. Depuis que je suis rentrée je me suis surprise à parler à des clients du garage et à des amis comme j'ai l'habitude de parler à mon père. C'était étrange, comme un jet-lag syntaxique. Et  l'indignité de ce que nous sommes, nous, les individus qui prenons le train pour rentrer chez nous. Sans voiture, sans famille, sans droits de propriété pour nous protéger du vide, nous nous sentions, ma soeur et moi, comme si nous vivions des vies factices - comme si la vie de nos parents était la seule qui résisterait à une catastrophe nucléaire.

 

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