Devenir un macho d'élite

Publié le par jenevousaimeplus.over-blog.org

Alors que je m'enferrais dans un samedi de novembre coupable et amer, l'Esthète angoissé m'a prêté "Testo Junkie", de Beatriz Preciado. Vocabulaire ultra-précis, radicalisme, l'essai n'est pas très drôle (ce n'est pas ce que je lui demandais, non plus), jusqu'à ce que...

Hier, insomnie à côté de Belle brute qui ronflait. Je suis tombée là-dessus :

 

"Devenir un macho d'élite

Indication : un corps programmé culturellement comme féminin pratiquant l'exercice avec un corps programmé culturellement comme masculin.

Prothèses sexuelles : (en option) gode.

Technique : reprogrammation d'une biofemme blanche de classe moyenne en Bras Velu blanc de classe moyenne.

Effet : remasculinisation performative"

(J'adore le vocabulaire de B.P.)

 

"Ne pas répondre directement à ses messages : s'il dit "tu me manques", écrire : "en train de prendre un café au soleil avec Stéphanie, t'appelle plus tard", s'il entre dans la cabine pendant que tu es en train de te doucher, le mettre à tes pieds puis l'obliger à te lécher puis sortir en le laissant seul, faire en sorte que les réponses à ses avances sexuelles soient aléatoires et dépendent uniquement de ton désir (...) ne pas prêter attention à ses histoires de famille ou aux tierces personnes qui peuplent ses conversations, lui acheter de la lingerie fine, des parfums, des bijoux, mais sans te préoccuper de son goût ni de son sens de la masculinité, en faisant en sorte que ces détails soient seulement les signes extérieurs de ton propre pouvoir et de ton autonomie (...), éviter les questions du genre "qu'est-ce qu'il t'arrive ?", "tu vas bien ?", "ça ne va pas aujourd'hui ?", faire systématiquement ce dont tu as envie sans lui demander la permission, sans prendre son désir en compte, sauf en cas d'extrême nécessité, et alors faire immédiatement précéder l'action de la phrase "ça ne t'embête pas si...", mais sans attendre ni écouter sa réponse, faire en sorte que sa présence fasse partie de ton attention périphérique, toujours faire autre chose (envoyer des textos, lire le journal, lire des e-mails, feuilleter un livre ou une revue) quand il parle de choses qui le préoccupent, comme des problèmes de travail, ne l'écouter qu'à condition de faire autre chose en même temps, dire oui, oui, approuver de la tête s'il insiste ou demande "tu m'écoutes ?", ne pas changer d'attitude devant son irritation, continuer ce qu'on est en train de faire, avec le même degré d'écoute, et répéter "si, si, continue", ou peut-être, s'il se plaint d'un manque d'attention, répondre "tu me fatigues", lui dire "tu as un cul exceptionnel, poulette" (...), ne jamais appeler ta mère devant lui, quand il vient te chercher à ta table de travail, ne pas éteindre l'ordinateur pour t'occuper de lui, le faire attendre, faire des plans pour le week-end sans penser à ses jours libres ou à ses horaires avec la certitude qu'il s'adaptera aimablementt (...), écouter tous les jours 20 minutes Motörhead à fond, éviter les couillonnades du type Madonna, Françoise Hardy, Jane Birkin, posséder un moyen de transport autonome, une moto, une voiture, si possible un 4x4 (...), porter un gode si si tu dois remplir des tâches considérées comme féminines, par exemple, quand tu vas au supermarché, ou quand tu nettoies la maison (...)."

 

Cette sélection est très édulcorée, ça ne me dérange pas (mais le texte intégral vaut la peine).

Merci Beatriz Preciado,

Au travail mes soeurs, contre la féminité normative !

(Mais si vous voulez continuer à vous épiler les jambes, n'hésitez pas)

 

 

 

 

 

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